Dans la Lumière de Vézelay Article paru le 24 août d’Emmanuelle Guiliani, directrice du service culturel du journal La Croix, sous forme d’entretien avec Hélène Ramin, directrice artistique de la Maison du Visiteur.
Tout au long de l’année, la Maison du Visiteur propose à tous de pénétrer dans le secret des bâtisseurs de la basilique de la Madeleine, édifice de pierre et de lumière qui se métamorphose au fil des jours et des saisons.
La Croix : Quelle est la mission de Maison du Visiteur de Vézelay ?
Hélène Ramin : Haut lieu touristique, Vézelay et sa basilique accueillent des visiteurs de tous âges et de toutes provenances géographiques : des familles et des pèlerins, du « grand public » et des érudits.
Les bâtisseurs de Vézelay
Les visites que nous proposons doivent ainsi répondre aux demandes de personnes bien différentes, depuis la classe de primaire jusqu’aux membres d’une société savante passionnés d’architecture.
Nous nous adaptons donc avec souplesse mais en veillant toujours à la qualité professionnelle de nos offres, quel que soit le public auquel nous nous adressons.
Visiter un édifice comme la basilique de Vézelay est une expérience esthétique que nous inscrivons dans sa dimension symbolique qui perdure et rayonne depuis des siècles.
La lumière est votre fil conducteur…H. R. : Les bâtisseurs de Vézelay ont réellement travaillé avec la lumière autant qu’avec la pierre.
Des études scientifiques montrent clairement que l’orientation de l’édifice ne doit rien au hasard (1). Si le soleil évoque pour les chrétiens la lumière répandue par le Christ dans l’humanité, voilà bien un symbole qui parle à toutes les civilisations, toutes les religions.
C’est d’ailleurs passionnant de découvrir au cours des visites comment des personnes issues de cultures très différentes de la nôtre ou, même, tout à fait étrangères à l’idée de transcendance, vivent cette symbolique du soleil.
Sans didactisme appuyé, nous essayons de tendre un fil entre la lumière cosmique, la lumière de la pensée, la lumière intérieure et la lumière divine.
Nous parcourons tout ou partie de ce chemin, en fonction du visiteur et de l’échange qui se crée avec lui. Il ne s’agit surtout pas de lui asséner une vérité…
À travers ces visites mais aussi grâce à un film et à des vues photographiques, vous avez voulu capter ces noces entre la lumière et l’architecture. Comment ?
H. R. : Nous avons voulu en effet rendre compte de cette « conversation » entre la pierre et le soleil. Pendant deux ans, carnet en main, j’ai fait des repérages dans la basilique, hiver comme été, matin et soir.
Lumière et architecture
La manière dont la lumière joue avec l’architecture est fascinante : l’hiver, elle éclaire successivement les différentes faces des chapiteaux ; l’été, au moment de la Saint-Jean, les neuf flaques constituant un « chemin de lumière » sur le pavement de la nef offrant un spectacle d’une poésie exaltante.
Ce chemin, qui attire à Vézelay des milliers et des milliers de visiteurs les premiers jours de l’été, a été redécouvert au milieu des années 1970 par le frère franciscain Hugues Delautre qui s’occupait quotidiennement de l’entretien de la basilique.
Une fois le travail de repérage effectué, le photographe Philippe Brame a travaillé dans la basilique, avec la précision et la disponibilité d’un artisan médiéval. Pour répondre à la commande que nous lui avions passée : capturer via son objectif ces instants lumineux comme autant de phrases poétiques.
Nous mettons d’ailleurs la dernière main à un nouveau projet, sous la forme d’un film de 50 minutes, autour du grand tympan de la basilique. La sortie en est prévue pour le prochain solstice d’hiver…
(1) La Maison du Visiteur expose une maquette de la basilique qui permet de visualiser les principes de sa construction.
Dans la Lumière de Vézelay, article d’Emmanuelle Guiliani